Manger à Istanbul

N’essayez jamais de trouver une logique à l’estomac d’une femme enceinte, surtout si elle est dans son premier trimestre et qu’elle a le coeur à l’envers 24h sur 24. J’ai rapidement dû mettre un bémol à mon idée de départ, qui consistait à découvrir Istanbul sur le thème de la gastronomie. Sur place, je n’avais aucune envie d’essayer quoi que ce soit de nouveau, et après avoir passé l’avant-midi verte et clouée au lit, j’allais souvent ingérer un double cheese pour réussir à faire quelque chose de ma journée. (Je me félicite déjà de vous ouvrir l’appétit avec cette introduction, mais faites-moi confiance pour la suite.)

©ladéroutéeFemme enceinte cherche bouffe grasse, salée et réconfortante…

(Je poursuis la liste «à faire à Istanbul» commencée ici)

  • Trouver les meilleurs mantı

Je rêvais d’une semaine entière à manger des mantı, à arpenter Istanbul pour trouver les meilleurs petits raviolis turcs servis avec du yogourt et une petite sauce pimentée. Seulement, j’ai dû me contenter de quelques bouchées «par principe» dans les assiettes de mes amies, ne sachant trop si le yogourt était pasteurisé, mais surtout parce que la seule mention du mot «yogourt» me faisait le même effet – je vous épargne les détails – que ma soie dentaire à la menthe. «N’essayez jamais de trouver une logique à l’estomac d’une femme enceinte.»

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Mantı (soupir)

  • Aller jeter un coup d’oeil au Egyptian Spice Market ou Mısır Çarşısı

On ne peut évidemment pas passer à côté du marché égyptien, lorsque l’on réalise qu’on y fait des transactions d’épices, de thés, de noix, de fruits séchés et de gourmandises de toutes sortes depuis plus de trois siècles. Si vous rêvez de prendre la photo-souvenir classique d’Istanbul, avec les petites pyramides de safran, de faux-thé à la pomme et d’un mystérieux «aphrodisiaque» turc, c’est ici que vous pourrez le faire. Un peu comme le Grand Bazaar, l’endroit attire des tonnes de touristes, et a malheureusement perdu de son authenticité*. Si, au lieu de vous attarder à l’intérieur, vous prenez la petite rue juste à droite du marché, vous trouverez déjà plus de marchands qui font des affaires avec des locaux – et la lumière est bien meilleure pour prendre des photos.

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Ce fût probablement la plus belle journée de mon séjour à Istanbul. Cet été-là, les tours guidés orchestrés par Ansel Mullins et Yigal Schleifer se donnaient encore sous le nom d’Istanbul Eats; aujourd’hui, sous la nouvelle appellation de Culinary Backstreets, ils sont en voie de couvrir quatre autres villes en plus d’Istanbul, soit Shanghai, Barcelone, Mexico et Athènes. Pour 125$US par personne (et croyez-moi, ça valait vraiment le prix), nous avons marché, mangé, senti et goûté, sans arrêt, de 9h30 le matin à 16h de l’après-midi: olives, pistaches, fromages, kebab, pide, boza, baklavas, lokum, sandwich aux tripes (oui), soupe aux lentilles, café turc, çay, ayran, pouding au poulet (oui, oui), büryan, künefe, simit, etc. J’en ai totalement oublié mes nausées.

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Le simit, genre de bagel ou pretzel turc, est l’un des street food les plus populaires.

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Café turc au petit déjeuner.

Notre guide Angelis s’est occupé de nous comme si nous étions des membres de sa famille. Dès le début de la journée, il m’a suggéré d’essayer des prunes vertes marinées (dont j’ai malheureusement oublié le nom en turc mais ça venait d’ici), une collation fort appréciée, paraît-il, des femmes enceintes, dans ce coin de pays. Sur le coup, je me disais «nooooonnnn», mais finalement, j’en ai acheté un énorme sac et j’en ai mangé durant toute la semaine! Craving for more, mon estomac capricieux a alors décidé de lui faire entièrement confiance pour le reste de la journée.

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Sandwich aux tripes

©ladéroutéePide, la pizza en forme de «canot»

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Oh so yummy ba-kla-va.

Premier arrêt marquant, une boutique de baklavas, probablement mon dessert favori de tous les temps (avec le tiramisu, le gâteau forêt noire et la crème glacée au matcha). Sirupeux, croustillants, sucrés, encore un peu chauds, frais du jour.

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Bouchées de paradis

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Autre arrêt marquant (et sucré), Altan Şekerleme, une boutique de loukoums (aussi connus sous le nom de turkish delight) qui est tenue par la famille Altanoğlu, de père en fils, depuis 1865. Je ne suis pas une personne qui raffole des bonbons, mais on m’a fait goûter ici à une friandise dont la texture rappelait plus une «pâte de pistaches» que de la gélatine, et c’était absolument irrésistible.

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La devanture intrigante et invitante d’Altan Şekerleme

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Lokums traditionnels

Nous étions très heureuses de nous promener avec un guide dans des ruelles où il n’y avait manifestement que des hommes au travail, et où nous n’aurions probablement pas osé nous aventurer seules.

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Autre découverte intéressante, la boza de chez Vefa Bozacısı, une tradition ottomane transmise, encore une fois, de père en fils, depuis 1876; il s’agit en fait d’un breuvage épais qui contient environ 1% d’alcool, fait de millet fermenté et soupoudré de cannelle et de pois chiches rôtis.

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Boza (au centre) – j’ai déjà tout mangé les pois chiches rôtis…

La balade se terminait chez Siirt Şeref Büryan Kebap Salonu, un restaurant reconnu pour son agneau büryan, et dont la belle terrasse nous permet de manger en dessous des vestiges des aqueducs byzantins (Aqueduct of Valens):

«Büryan is a bit like Turkey’s version of Texas pit BBQ. A side of small lamb is slowly cooked over coals in a deep hole in the ground, resulting in exceptionally tender meat covered in a thin layer of fat that has turned crackling crunchy.»

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Outre cet agneau typique (qui m’a donné l’impression, au goût et à l’odeur, d’être le doyen des agneaux de toute la terre), notre festin comprenait plusieurs achats fait en route dans le quartier de Fatih, dont un tavuk göğsü, un pouding lisse et surprenant au lait et à la poitrine de poulet, que l’on peut soupoudrer de cannelle.

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Manger sous les aqueducs byzantins

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Ayran: boisson traditionnelle au yogourt 

Impossible pour moi de faire l’inventaire complet de tout ce que nous avons goûté; lors de mon prochain passage à Istanbul, je réserve assurément une autre marche avec eux!

Pour en savoir plus:

  • Si votre budget ne vous permet pas de faire un tour guidé, sachez qu’Istanbul Eats a publié un petit livre, en 2010: Istanbul Eats: Exploring the Culinary Backstreets.
  • Depuis l’année dernière, ils ont également une application pour Iphone.
  • Je n’avais pas eu le temps de me le procurer avant mon départ, mais les éditions Agnès Viénot ont publié un livre, dans une collection que j’aime beaucoup, qui s’intitule Goûtez Istanbul.

Deux adresses pour manger turc à Montréal:

  • La plus connue est certainement celle du restaurant Su de la chef Fisun Ercan, dans Verdun (j’en avais déjà parlé). Vous pouvez également trouver certaines de ses recettes dans son livre publié en 2011.
  • Sur Ste-Catherine ouest, il y a également le petit restaurant café Avesta, qui est très bien.

* Pour s’y démêler un peu, je vous suggère de lire cet article sur DeliciousIstanbul.com

6 réflexions sur « Manger à Istanbul »

  1. Je suis en train d’entamer les préparations en vue d’un retour à Istanbul en 2014. Trop contente d’avoir découvert votre blog (en cliquant sur le lien laissé sur La Bouche pleine). Je viens de prendre en note le nom de la compagnie qui organise les visites guidées gastronomiques. C’est sur que j’en parle à mes compagnons de voyage!

    Merci!!!
    Sinon, bravo pour le blog. Supers textes, magnifiques photos!

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