«En parcourant les rues, je voyais Suzhou de nuit s’illuminer et s’assombrir. Il y avait de grands restaurants d’où filtraient des airs d’opéra de Pékin, des néons colorant de mille feux le pavé des chaussées; tandis qu’ailleurs… la lumière pâle dans les ruelles, de vieilles femmes près des poubelles en train de ramasser des pelures de légumes. Les bruits des verres choqués accompagnaient les plats et le jeu de la mourre; mais en même temps une foule d’ombres, des numéros à la craie sur le dos, faisaient la queue jusqu’au lendemain matin devant les magasins pour une part de riz. Un grand mariage se fêtait au restaurant Le Pavillon des pins et des grues, occupant entièrement les lieux et occasionnant un alignement de voitures à cheval, triporteurs et pousse dans la rue Guanqian. La jeune mariée était vêtue d’une longue robe balayant le sol, ainsi que d’une écharpe de soie fine, et les invités s’étaient habillés de costumes bien coupés et parés de bijoux. Tandis qu’un tas de gens s’étaient blottis dans des sacs de toiles sous l’auvent du temple du Mystère; certains peut-être vivaient leur dernière nuit… Les alcools et les viandes empestent chez les riches, la rue offre des cadavres gelés (Du Fu, dynastie Tang). Ce vers connu de tous hantait mon esprit.»
J’ai plusieurs (peut-être trop?) d’intérêts et de passions dans la vie, mais s’il existe des sujets où je n’arrive pas à comprendre grand chose, ce sont bien la politique et l’économie. J’ai pourtant essayé: j’ai suivi quelques cours universitaires qui traitait à moitié de philosophie (ça j’adore!) et à moitié de politique, je demande qu’on me ré-explique à chaque fois les concepts, mais il n’y a rien à faire, ça rentre par une oreille et ça sort par l’autre… Et pourtant, en continuant mes lectures gastronomiques, j’ai craqué pour un petit livre qui retrace une quarantaine d’années de vie chinoise à Suzhou, narré par un Gao Xiaoting engagé qui ne jure que par les idées révolutionnaires, et le désir de « remettre à sa place » le « capitaliste » et « goinfre devenu gastronome » qu’est Zhu Ziye.
Dès les premières lignes du roman, on nous place dans une atmosphère ô combien différente de la nôtre, en nous rappelant à quel point le « manger excessif », la gourmandise et la gloutonnerie sont mal vus en Chine. On nous transporte dans une sage écriture qui reconnaît « l’art de la digestion » et le « manger pour se nourrir de saveurs » de Zhu Ziye, et qui se réfère souvent à de célèbres proverbes (« Pour corriger un défaut, il faut pratiquer l’exagération ») ou références littéraires et poétiques chinoises. Nous sommes menés par les aspirations de Gao, par l’originale personnalité de Zhu Ziye, par les bouleversements politiques de plusieurs décennies en Chine et par… la gastronomie. À découvrir: Vie et passion d’un gastronome chinois de Lu Wenfu.
Salut ma belle ! Ce n’est pas grave si tu ne comprends pas très bien la politique et l’économie. Tu es super en cuisine !
Kiss kiss
Médéric
Merci mon beau 🙂 Je suis quand même chanceuse d’avoir un chéri pour tout me ré-expliquer… et aussi pour vider la cloche à gâteaux 😉 !
Une belle mise en valeur de ce petit livre que j’ai aimé, même si comme toi, j’ai énormément de mal avec la politique et l’économie… et comble du comble j’ai moi aussi fait de la philosophie politique.
J’aime bien ta catégorie lectures gourmandes!
Merci Vanessa! J’aime moi aussi tes deux blogs; ils m’ont permis de noter plusieurs titres sur ma liste de futurs livres à lire (particulièrement sur l’histoire et la culture du thé)! J’ai eu une fascination pour la lecture gourmande l’automne dernier; il y a encore plein d’autres bouquins semblables qui attendent sur ma table de chevet 😉 Au plaisir!