Il y a une semaine, je suis tombée par hasard sur un texte de Stéphane Laporte intitulé «L’homme et le spa», qui a un peu remué la technicienne en massage suédois enfouie en moi:
«Dernière formalité avant la grande détente: il faut remplir un questionnaire sur notre état de santé. Avez-vous des problèmes cardiaques? Prenez-vous des médicaments? Signez ici pour dégager l’établissement de toute responsabilité. Je ne m’en vais pas sauter en parachute, je m’en viens me faire masser! Je ne savais pas que le massage était un sport extrême. Ah! les femmes, comme elles sont douillettes. Pourquoi autant de précautions? Il me semble que plus on est mal en point, plus on a besoin de se faire tripoter.»
Et bien, pour répondre à la question de M.Laporte (qui n’est probablement pas le seul à avoir réagi de cette façon), le bilan de santé exigé lors d’une séance de massothérapie n’est pas un caprice féminin. Je serais d’ailleurs curieuse de savoir quel pourcentage de la population croit encore aujourd’hui qu’«un massage, c’est juste un massage»; que ça ne prend que de «bonnes mains» pour devenir massothérapeute et que le massage n’a aucune autre vertu thérapeutique que la relaxation et la détente…
Une lutte contre les préjugés
Les massothérapeutes sont des professionnels de la santé qui se battent encore pour être reconnus par l’Office des professions du Québec; cette lutte est d’autant plus nécessaire qu’elle pourrait mettre fin à l’ambiguïté qui règne sur le statut de la profession. Présentement, une tonne de préjugés circulent encore à propos de la massothérapie et n’importe qui peut s’auto-proclamer «massothérapeute».
Pourtant, une «masseuse» et une «massothérapeute», ce n’est évidemment pas du tout la même chose! Encore aujourd’hui, je suis surprise d’entendre plusieurs personnes me dire qu’ils ne sont pas à l’aise d’aller consulter en massothérapie, parce qu’ils «n’aiment pas être touchés» par un «inconnu»; cette réaction est la preuve même qu’une bonne partie de la population ignore en quoi consiste un massage thérapeutique.
La formation d’un massothérapeute
Un praticien en massothérapie aura suivi plus de 400 heures intensives de formation; pour obtenir le statut de «massothérapeute», il devra avoir atteint plus de 1000 heures de formation supplémentaire.
Lors du programme de base, il aura étudié et compris le fonctionnement global (anatomie et physiologie) de l’être humain système par système, répertorié plus d’une cinquantaine de pathologies courantes et leur traitement en massothérapie, en plus d’avoir appris à localiser (des insertions aux origines), à masser et à traiter plus d’une soixantaine de muscles du corps humain. Il aura massé et se sera fait masser à chaque semaine durant sa formation (croyez-moi, c’est plus exigeant que ça en a l’air), maîtrisé plus d’une soixantaine de manoeuvres tout en apprenant leurs effets spécifiques sur le corps humain, en plus d’avoir effectué des stages et suivi des cours de relation humaines, de sexologie et d’encadrement professionnel.
Les contre-indications à la massothérapie
Un massothérapeute devrait TOUJOURS faire un bilan de santé avec vous, à tout de moins lors de votre première rencontre (et faire un suivi lors des subséquentes). Pourquoi? Et bien parce qu’il existe de nombreuses contre-indications conditionnelles à la massothérapie (c.-à-d. où le massage sera «adapté» à la condition), et même plusieurs contre-indications absolues (c.-à-d. où le massage devrait vous être refusé parce qu’il pourrait être nuisible à votre santé).
Des exemples? On ne va pas se faire masser si:
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on est fiévreux (le massage, qui fait augmenter la température du corps, nuirait à l’action naturelle du corps combattant par la fièvre)
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on souffre d’arthrite ou d’arthrose en phase inflammatoire aiguë
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on est victime de problèmes cardiaques (le massage nécessite alors habituellement l’approbation d’un médecin)
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on souffre d’une bronchite aiguë ou d’une pneumonie
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on est en état d’hypoglycémie dû au diabète
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on a reçu de la cortisone dans les 10 derniers jours
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on souffre d’une infection virale ou bactérienne dont résulte de la diarrhée, une infection vaginale ou urinaire.
De plus, la prise de certains médicaments peut diminuer votre sensibilité à la douleur et vous empêcher de réaliser que la pression du massage est trop forte, ce qui pourrait avoir comme résultat quelques bleus le lendemain matin…
Le massage et ses bienfaits
Je ne compte plus le nombre de gens qui m’ont parlé récemment de problèmes de tendinite; avec notre rythme de vie à cent milles à l’heure, nous endurons une blessure si longtemps sans la soigner que l’on se retrouve avec des problèmes chroniques; traitée plus tôt en massothérapie, la tendinite est un mal qui aurait facilement pu être évité. Si le massage peut soigner une bonne partie des maux reliés à nos muscles (adhérences, raideurs, spasmes, douleurs, fatigue, tonus, atrophie), il est également très bénéfique pour la circulation sanguine.
Notre stress quotidien ou nos problèmes d’insomnies sont des conditions pour lesquelles on n’ose pas nécessairement faire appel à un médecin et qui peuvent être efficacement traitées par des séances de massages. La massothérapie peut à la fois être un traitement et agir comme prévention, elle peut vous évitez de nombreux maux, autant physiques que psychologiques…
ÊTRE BIEN DANS SA PEAU ET BIEN DANS SON CORPS NE DEVRAIT PAS ÊTRE CONSIDÉRÉ COMME UN LUXE MAIS BIEN COMME UN OBJECTIF QUOTIDIEN!
Pour plus d’informations
– Les écoles les plus reconnues à Montréal offrant diverses formations en massothérapie: l’Institut Kiné-Concept et l’école Guijek.
– À défaut d’avoir leur profession reconnue, les massothérapeutes se regroupent pour assurer la qualité de leurs services; la fédération la plus connue (regroupant 65% des massothérapeutes accrédités au Québec) est la FQM (Fédération québécoise des massothérapeutes agréés)
N.B. L’auteure de ce texte est une technicienne (praticienne) en massage suédois cinétique. (Par ailleurs, je ne « pratique » pas présentement puisque je suis en réflexion sur mon choix de carrière; j’ai aussi une M.A en littérature française et… une fatigue générale dû à un trop plein d’études?! En d’autres termes, présentement, c’est moi qui doit aller me faire masser 😉 )
Wow! Très intéressant tout ça. Je ne savais même pas qu’il y avait autant de restrictions. Merci! Tout un bagage professionnel, miss! 🙂
P.S.: Heu, une question que je me suis toujours demandée: les dos boutonneux, vous faites comment?
Merci! Mais bon présentement, y’a pas grand monde qui profite de ce bagage, sauf les lecteurs de ce blog! 😉 (et pour le massage, un peu mon amoureux hihi) Va falloir que je me branche sur ce que je veux faire dans la vie!
Pour répondre à ta question, personnellement ça ne m’est jamais arrivé d’avoir affaire à de l’acné au point où c’était impossible de masser le dos; habituellement on évite la région infectée, on la contourne, ou on pourrait même modifier l’huile ou le gel de massage utilisé… Je te dirais qu’une situation plus commune encore chez les hommes c’est le poil! Il faut alors utiliser plus de gel pour ne pas que ça « tire » (ayoye)… Mais je n’ai pas eu assez de clients pour avoir des situations « extrêmes »…
Et puis c’est sûr que la situation est différente dans un spa et dans la pratique privée d’un massothérapeute; le massage de relaxation le plus souvent utilisé en spa utilise souvent moins de manoeuvres profondes (et c’est pourquoi ils ont la tendance de limiter les bilans de santé)… Mais pourtant un massothérapeute dans un spa devrait être capable de faire autre chose qu’un massage de relaxation alors ça, ça ne justifie pas les bilans de santé écourtés…
Merci pour votre contribution à l’éducation du public sur la profession des massothérapeutes et de l’importance du questionnaire de santé.
Je vous souhaite un bon massage. 😉
Article très intéressant et bravo de donner des infos au public, qui en effet n’est souvent pas au courant de ce qu’est réellement la Massothérapie. 🙂
Je suis Masso depuis 13 ans (de 3 écoles, principalement Kiné-Concept) et je mettrais juste un petit bémol au « on ne doit pas se faire masser quand… », mais plutôt certaines contradictions partielles.
De plus, attention… Le massage en spa n’est plus un endroit où l’on reçoit que du massage superficiel, de « détente » contrairement justement à ce que plusieurs croient.. Les thérapeutes sont aptes à faire du massage profond (il ne faut pas oublier que l’on vient souvent des quelques grandes écoles reconnues au Qc et que comme travailleurs autonomes, plusieurs ont aussi leur clinique). C’est plus une question de… Chacun sa couleur, que d’endroit ou l’on travaille 🙂
Merci pour la précision sur le métier. Il y a effectivement encore beaucoup de chemin à parcourir sur l’éducation du public versus la massothérapie.
Le seul hic, c’est que je suis un peu tannée d’entendre parler de kiné-concept et de son monopole avec sa propre association la FQM. Il existe tellement d’autres écoles, avec un service plus personnalisé et moins dispendieux, avec des professeurs tout autant passionnés qui font parties des 14 autres associations au Québec….il reste aussi beaucoup de chemin à parcourir sur l’éducation des massothérapeutes 🙂
@Kizenju, @ Geneviève: Merci pour vos commentaires! Cet article a été écrit il y a plus de cinq ans maintenant, alors il y aurait certainement des corrections et des précisions à y apporter pour le mettre à jour… Je le garde en ligne pour les idées générales qu’il soulève, mais n’hésitez pas à y apporter vos ajustements au besoin 🙂
Vous soulignez l’importance à accorder au questionnaire santé (le terme «bilan de santé» est maintenant réservé au domaine médical) et c’est très bien de le rappeler! Un message est plus qu’un moyen de se détendre, c’est aussi un soin thérapeutique.
Geneviève soulève quant à elle un point important: il existe d’autres associations professionnelles qui représentent et encadrent les massothérapeutes au Québec. L’Association professionnelle des massothérapeutes du Québec, Mon Réseau Plus par exemple représente plus de 6000 membres et travaille également à un meilleur encadrement de la profession. À la publication de votre article Mon Réseau Plus venait à peine de voir le jour, c’est pourquoi je tenais à ajouter cette information pour vos futurs lecteurs. Vous pouvez consulter leur site internet à l’adresse suivante : http://www.monreseauplus.com
Un grand merci pour ce message! Étant moi-même massothérapeute depuis déjà 7 ans, je constate qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour acquérir une notoriété auprès de la population et des autres professionnels de la santé. Actuellement, je suis en cours de baccalauréat en kinésiologie et massokinésiothérapie à l’Université du Québec à Trois-Rivières afin d’améliorer mes connaissances et mes compétences dans ma profession. Mes clients sont souvent surpris du traitement qu’ils reçoivent, et du fameux bilan de santé qu’ils trouvent long à remplir et « inutile ».
Bel article malgré le gros coup de publicité à la fin…. Sauf que le « 65% des massotherapeutes du quebec sont avec la fqm » vient vraiment diminuer la crédibilité de cet article. Publicité mensongère…
Merci de votre commentaire Pier-Olivier. Comme mentionné plus haut, il ne s’agit pas du tout d’un coup de publicité pour la FQM, c’était seulement les faits lors de la rédaction de l’article, il y a cinq ans. Les statistiques ont été bien rectifiées dans les commentaires je crois!