Comme bien des consommateurs, je suis mêlée. J’apprends que de nombreuses espèces de poissons et de fruits de mer sont en voie d’extinction, mal pêchées ou surpêchées, mais je ne connais pas vraiment lesquelles ni vers quoi me tourner pour bien agir. C’est pour mettre au clair plusieurs de ces préoccupations que j’ai choisi d’assister, cette semaine, à un 5 à 7 organisé par Slow Food Montréal chez les Pêcheries Norref.
La rencontre était audacieuse et pertinente. Elle nous a permis de voir et d’écouter deux points de vue différents; celui du directeur des Pêcheries Norref, M. Jean-Roch Thiffault, et celui d’une porte-parole de Greenpeace, Mme Catherine Vézina. D’un côté, nous avons pu constater la bonne volonté du plus grand importateur et distributeur de poissons et de fruits de mer au Québec; on nous a expliqué la complexité du problème, d’un point de vue économique, et comment il était impossible pour une entreprise fonctionnant sur le principe de la demande (beaucoup plus que de l’offre), de condamner certaines sources principales de son revenu, du jour au lendemain. D’un autre côté, nous avons pu en apprendre davantage sur les démarches importantes de conscientisation et de sensibilisation initiées par Greenpeace.
Coupe d’un thon albacore dans l’usine de Norref
En tant que consommatrice, j’ai beaucoup de difficulté à comprendre pourquoi mon supermarché ne me facilite pas la tâche et enrayant tout simplement les produits controversés ou en me fournissant, à la base, un système d’étiquetage compréhensible qui me permettrait de connaître la provenance de mes aliments! Tout n’est malheureusement pas si simple…
Tranches de thon albacore
M.Thiffault, directeur des Pêcheries Norref, nous a expliqué comment son entreprise tente de s’améliorer. Ils investissent dans de nouvelles méthodes pour améliorer la traçabilité de leurs produits et encouragent les pêcheurs qui soignent ou qui démontrent l’intérêt de corriger leurs types de pêche. Il peut maintenant, par exemple, fournir et identifier pour ses clients les poissons et crustacés qui sont certifiés Oceanwise; ce service est offert, évidement, lorsque le client l’exige. Sa bonne volonté est pourtant à la merci du succès économique de son entreprise; comment le distributeur pourrait-il retirer, du jour au lendemain, un poisson comme le Saumon de l’Atlantique (sur toutes les listes rouges) alors que le saumon représente 45% de ses ventes de poisson au Québec? C’est aussi à nous, les consommateurs, à changer nos habitudes…
Un magnifique poisson-perroquet
Les Pêcheries Norref fournissent autant les supermarchés que les restaurateurs et M.Thiffault nous a affirmé – bonne nouvelle – que ces derniers sont de plus en plus conscientisés. C’est probablement pour cette raison qu’un organisme comme Greenpeace a, pour sa part, choisi de cibler les supermarchés:
«Greenpeace demande aux huit plus grandes chaînes de supermarchés du Canada (Loblaw, Metro, Sobeys, Safeway, Wal-mart, Costco, Federated Cooperatives et Overwaitea) d’adopter des politiques d’achats de produits de la mer durables, de cesser d’offrir à leurs clients les poissons de notre liste rouge et de mieux informer les consommateurs sur la provenance des stocks et les techniques de pêche utilisées.»
Heureusement, ce 5 à 7 nous a laissé une impression positive: plein de gens travaillent à s’améliorer! Pour que nos enfants puissent encore manger toute une variété de produits provenant des océans, il faut pourtant que tout le monde continue à y mettre du sien: les distributeurs et les supermarchés doivent arrêter de nous vendre des poissons et des fruits de mer mal pêchés ou en voie d’extinction et nous devons, en tant que consommateurs, arrêter d’en acheter et d’en demander!
Concrètement, qu’est-ce qu’on peut faire?
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Ne plus acheter ou consommer des poissons et des crustacés qui sont sur les listes rouges de Greenpeace, d’Oceanwise ou de Seachoice. Dans ce que l’on achète couramment, il faudrait notamment ne plus acheter de saumon d’élevage de l’Atlantique, de crevettes tropicales, de pétoncles géants de l’Atlantique ou de thon (rouge, obèse ou albacore).
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Choisir de manger des poissons ou des fruits de mer situés «plus bas» dans la chaîne alimentaire: par exemple, des palourdes, des huîtres, des anchois ou des sardines.
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Choisir de manger des crustacés d’élevage comme les moules ou les pétoncles.
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Éviter de manger des grands prédateurs comme le requin ou le thon; ce sont les plus gros poissons et, par le fait même, ceux qui sont les plus en demande et les plus menacés.
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Au restaurant, à l’épicerie ou à la poissonnerie, questionner notre serveur ou notre poissonnier pour connaître d’où proviennent les produits que l’on nous sert ou que l’on veut nous vendre.
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Encourager un organisme comme Greenpeace.
L’assiette de poissons et fruits de mer servie lors du 5 à 7
À consulter, si le sujet vous intéresse:
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La liste rouge de Greenpeace, avec des explications détaillées pour chacun des poissons et fruits de mer mis en danger. En suivant ce lien, on peut également rester au courant des mises à jour de leurs démarches dans cette campagne.
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L’aide-mémoire format porte-feuille, en français, de Seachoice.
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Un article paru récemment sur l’identification du homard québécois.
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Une vidéo présentant le classement des supermarchés 2010 de Greenpeace.
N.B. Je ne suis pas du tout une spécialiste du sujet, alors si vous connaissez d’autres ressources, n’hésitez pas à les partager! J’ai moi-même encore beaucoup de difficulté à reconnaître concrètement les poissons et fruits de mer en danger lorsque je suis devant les comptoirs, à l’épicerie ou à la poissonnerie…
Merci beaucoup pour cet article sur le derniers 5À7 SLOW.
À défaut d’avoir été présent, cela me permet d’en retirer votre vision.
Beaucoup de travail est à faire sur le thème des pêches durables, comme vous le savez, tous ne s’entendent pas nécessairement sur les classement, des listes peuvent se contredire.
Un dossier que je document de mon côté. Je vous fournirai un liens lorsque complèté.
Merci pour ton commentaire Bobby; dommage que tu ne pouvais pas y être ce soir-là! J’ai bien hâte que tu m’envoies plus d’informations, mais je ne l’accepterai pas si tu me vouvoies encore!! Tu me fais passer pour une vieille madame là! 😉 À la prochaine!
Tu as vu le documentaire End Of The Line?
@Cat: Non! Je vais essayer de le trouver…