Nonya: une perle de cuisine indonésienne à Montréal

Quelqu’un devra m’expliquer pourquoi on ne parle pas plus de ce restaurant, unique en son genre, dans les médias montréalais. Dans la petite et jolie salle à manger blanche et rouge (on reconnaît les fameuses couleurs du drapeau indonésien) du 151 rue Bernard ouest, nous sommes accueillies tout en douceur. Les premières effluves des plats qui arrivent sur les tables voisines sont tout simplement irrésistibles.

Teh melati: thé javanais sucré rehaussé avec des fleurs de jasmin

À notre table, nous sommes quatre gourmandes, et nous choisissons toutes de partager un rijstafel javanais, un mets traditionnel indonésien dans lequel plusieurs plats de viandes, de légumes et de sauces sont servis accompagnés d’un grand bol de nasi putih  (riz au jasmin). Ce sera, par choix, un menu sans alcool pour moi ce soir; je suis trop excitée à l’idée d’essayer un breuvage indonésien typique! Mon choix s’arrête sur le susu soda gembira, un mélange de soda, de lait concentré sucré et de sirop sala, qui se compare un peu, me dit-on, à un sirop de grenadine.

Susu soda gembira, une boisson «allongée», pétillante et très sucrée.

Notre premier service arrive; il s’agit d’une laksa, une soupe de curry jaune. Elle est présentée avec une bonne kroket de pomme de terre farcie au boeuf. On aime déjà.

L’entrée: une soupe de curry jaune et sa kroket

Puis, une multitude de plats parfumés arrivent en même temps à notre table, tous servis dans une présentation soignée et agrémentés de feuilles de bananiers ou de fleurs fabriquées à l’aide de piments forts. C’est là que l’on remarque qu’il n’y a pas de couteaux sur la table; une tradition indonésienne, peut-être? Peu importe, tout est tendre, on se salit un peu les doigts et on goûte à tout! Le rendang, un ragoût de boeuf de sumatra au lait de coco, fond dans la bouche; l’ayam panggang, un poulet de cornouailles au curry rouge et lait de coco, est assaisonné à point; les sate kambing, des brochettes d’agneau grillées aux arachides, et les udang bakar, des crevettes grillées à la feuille de lime, se mangent toutes seules.

L’un des nombreux accompagnements: légumes tendres dans une sauce au curry

Terong balado: aubergines à la sauce tomate

Il y a plusieurs curiosités dans les accompagnements (on en compte presque une dizaine), comme des arachides aux anchois caramélisés (kacang teri) ou encore d’énormes craquelins de crevettes (kerupuk), qui ressemblent à de minces galettes de riz dégageant une forte odeur de fruits de mer.

Les desserts: crème brûlée au pandanus, petites boules à la noix de coco aux centres chauds et sucrés, et dessert traditionnel javanais au riz, ressemblant à du tapioca noir avec du lait de coco

Le ventre déjà plein d’un mélange légèrement épicé, je choisis d’accompagner l’assiette des desserts d’un kopi bali, un café balinais servi avec un sirop sucré. Je suis vraiment heureuse de pouvoir goûter à des plats concoctés avec du pandanus. J’ai vu plusieurs images de desserts indonésiens d’une couleur «verte colorant artificiel» pour enfin réaliser que cette couleur est donnée par l’infusion de cette curieuse feuille de pandanus. C’est l’extase pour moi: le goût de la crème brûlée au pandanus me rappelle le goût d’herbe caractéristique d’un mélange de thé matcha avec du sucre. Ce n’est évidemment pas la même chose, mais c’est tellement bon!

Avec les breuvages, la taxe et le pourboire, notre souper nous reviens à 60$ par personne, un excellent rapport qualité/prix. (Une table d’hôte et un menu à la carte sont également disponibles.) Le restaurant Nonya, grâce à une cuisine simple, différente et goûteuse, servie en prime avec le sourire, surpasse toutes mes attentes; courrez-y tout de suite!